Récit : Une femme, un rêve, un voyage (2/2)
Ce billet fait suite à la première partie du récit de Laura (au Brésil) que vous pouvez lire ici : Une femme, un rêve, un voyage (1/2)
Un nouveau départ
Me voilà prête pour commencer ce nouveau chapitre. En route pour L’Amérique Centrale, destination San José. Il me faudra exactement 3 jours pour me rendre du Brésil à Santa Teresa au Costa Rica.
Après une nuit blanche à dire au revoir aux merveilleuses personnes qui ont croisés ma route : il est temps d’avancer. Le départ d’Itacaré est très matinal et douloureux dans tous les sens du terme. Me voilà dans le même bus en sens inverse à destination de Bom Despacho pour reprendre le ferry vers Salvador de Bahia. Cette route qui m’avait totalement déstabilisée a maintenant une toute autre dimension. Chaque vieillard assis sur sa chaise en plastique jaune ou orange (généralement sponsorisé par Skol /bière locale/) sur le trottoir devant son humble petite demeure est d’une beauté incomparable. Je profite de ce qui me reste à prendre, à voir. Après 7h de voyage je passe mes dernières heures brésiliennes en compagnie de mon amie Chris qui me fait découvrir la beauté de Salvador de Bahia que tout le monde dénigre. Si je peux vous donner un bon conseil, n’écoutez pas ce que l’on vous raconte pendant un voyage, laissez vous porter par vos envies. J’ai failli passer à côté de cette beauté étant influencée par divers commentaires et critiques sur la « grande ville ». Au rythme de la samba nous profitons de ma dernière soirée sur une des belles terrasses du centre historique. N’ayant dormi que 2h la veille, je tombe de fatigue. Je m’éloigne doucement de la place en taxi. Chris est de plus en plus petite. Je lui fais des grands signes d’adieu sachant qu’il y a peu de chance que l’on se recroise un jour.
[quote text_size="medium"]Si je peux vous donner un bon conseil, n’écoutez pas ce que l’on vous raconte pendant un voyage, laissez vous porter par vos envies.[/quote]
Encore une autre nuit passée à dormir en boule au dessus de mes bagages dans un aéroport. La journée de voyage se fait dans les airs aujourd’hui : Salvador de Bahia – Sao Paulo – Panama city – San José.
20H30 je suis au Costa Rica, cette fois-ci sans rejoindre personne, n’ayant pas le moindre contact sur place. Me, myself and I pour les 3 prochains mois. Je passe ma première nuit dans un B&B super sympa (Vida Tropical) à Alajuela, proche de l’aéroport. Le choix de me diriger vers la côte Pacifique dès le lendemain se fait un peu au hasard. Un des facteurs qui a légèrement influencé mon choix : zone géographique où il y a le moins de précipitations (pendant la « Green season »). Oui je sais, je suis arrivée au tout début de la saison des pluies (quelle idée !). Ai-je eu de la chance ? Je ne sais pas, je ne me suis pas noyée sous des pluies diluviennes. J’ai eu droit à de grosses averses de 2 heures en fin d’après midi mais je dois avouer que je ne me suis pas retrouvée coincée une semaine à ne rien pouvoir faire (ma grande angoisse).
Golfe de Nicoya - Photo: Laura Nethercott
Nouveau bus, pour me rendre sur la pointe sud de la péninsule de Nicoya. Il nous faudra une bonne journée de route et une magnifique traversée en ferry que j’ai eu la chance de faire vers 17h, lorsque le soleil se couche. A choisir, si vous devez traverser le Golfe de Nicoya, allez-y très tôt ou en fin d’après-midi, les lumières et les couleurs sont puissantes. C’est au Yoga Center Casa Zen (super endroit si vous aimez une ambiance calme, détendue et sportive) que j’ai passé ma première petite semaine le temps de me trouver une chambre et de partir à la recherche d’un petit boulot ou « work exchange ». J’ai passé un mois solitaire. Lire, écrire, respirer. Contrairement au Brésil je n’ai pas eu un coup de foudre. En même temps, en arrivant du Brésil où il se passe tellement de choses, c’est difficile d’atterrir dans un des plus petits pays d’Amérique Centrale. La biodiversité du pays m’impressionne dès le premier jour. Les couleurs, les plantes, les animaux (ceux que l’on aime et ceux que l’on ne voudrait jamais croiser). La déception se passe au niveau culturel. Le pays est dénaturé par l’implantation massive des Américains sur le territoire (sans parler de tous les autres expats). Je me sens comme une étrangère, parmi tant d’autres, qui a « fuit » son pays pour une vie meilleure. Le peuple local m’a beaucoup manqué.
Bougez
Le choix de rester 2 mois et demi là bas n’a pas été mon meilleur «move» mais je dois dire que les dernières semaines passées à voyager à travers le pays pour visiter les différents volcans et la côte Caraïbes m’ont réconciliées avec celui-ci. Vous êtes sportif, amateur de randonnées et fou de photos, foncez là-bas tout de suite ! C’est un pays à faire en trip sac à dos où l’on bouge tous les 3 ou 4 jours. Tant sur les côtes (réputées pour leurs spots de surf) que dans les terres pour les volcans (Arenal, Poas, Irazu), la nature qui vous entoure vous coupera la souffle. Passez par Puerto Viejo du côté Caraïbes et louez un vélo (que l’on trouve à chaque coin de rue pour 4$ la journée). Partie pour la journée, je sillonne la route qui longe la côte. C’est un vrai moment de bonheur, de liberté, de beauté. Les forêts, la mer, les plages, les petits restos en bord de route, tout est magique. Il faut dire que c’est ma dernière journée. Tout nous semble plus beau et plus scintillant lorsque l’on réalise que cela nous glissera entre les mains sous peu. Voyagez avec cette idée que nous ne savons pas de quoi est fait le lendemain. Goutez, essayez, partagez, sautez dans le vide !
La côte Caraïbes a plus à offrir selon moi. Si vous avez un besoin de dépaysement et d’un mode de vie très (très) détendu n’hésitez pas à commencer par Puerto Viejo, Cocles ou Manzanillo.
[quote text_size="medium"]Voyagez avec cette idée que nous ne savons pas de quoi est fait le lendemain. Goutez, essayez, partagez, sautez dans le vide ![/quote]
Il est l’heure. Je ramène mon vélo et échange un regard incertain avec le propriétaire de l’atelier. Ai-je réellement envie de lui rendre ? Si je restais une journée de plus ? Sois raisonnable. Ma parenthèse de vie devra prendre fin demain, lorsque je reprendrai le bus pour la dernière fois afin de me rendre à San Jose. Parenthèse qui a duré 6 mois et que je vois défiler sur le plafond de ma chambre avant de m’endormir ce soir-là. Des lieux, des visages, des sourires, des rires résonnent à travers mon corps. Un corps qui a muri. Une femme qui rentre épanouie avec 3 kilos de souvenirs.
Golfe de Nicoya - Photo: Laura Nethercott
Cocles Coast - Photo: Laura Nethercott