Les croquis de voyage
Comme tous les enfants, je dessinais. Adolescente, j’ai continué. Jeune adulte...j’ai arrêté. Dans la vie quotidienne, on n’a pas besoin du dessin. Mais après plusieurs années sans toucher un crayon, j’en ai ressentie l’envie. Quoi de mieux que de reprendre un carnet et un stylo que lors d’un voyage ?Je voyageais régulièrement depuis plusieurs années, et je ramenais comme tout le monde des photos, des cartes postales, des souvenirs...Il y a un an, j’ai décidé de reprendre la pratique du croquis. Première étape d’une année de voyages : la Turquie. Au départ, mon trait était timide, incertain, mes perspectives fausses. Et pour ajouter à la complexité, j’avais décidé de ne pas utiliser d’outils effaçables : je dessinais directement au stylo ou à l’aquarelle. L’idée était de m’améliorer, d’aller plus vite, d’avoir un dessin plus sûr, mais aussi de conserver les erreurs, qui font partie de mon travail.
Les Turcs sont bavards et curieux, j’ai rapidement eu autour de moi des gens qui m’interpellaient, commentaient, riaient. Il n’était plus question d’être timide, et plutôt que de cacher mon carnet, je l’ai ouvert, et ai fait participer tout ce petit monde. Est-ce que je laisse en noir et blanc, ou est-ce que j’ajoute des couleurs ? Comment s’écrit le nom de cette mosquée en turc ?
Mes pas m’ont ensuite mené en Asie. Cette fois, c’est à tous les enfants que je rencontrais à qui je donnais feutres et papier, pour des dessins haut en couleurs. Les adultes sont plus timides, mais j’ai eu quelques beaux croquis. J’ai également donné du matériel à des voyageurs croisés sur la route, et j’aime à penser leur avoir donné le goût du croquis de voyage.
Il était intéressant d’adapter ma technique au style artistique du pays dans lequel je me trouvais. J’ai recréée dans ma palette les tons ocres et sables de la Cappadoce, et utilisé au Vietnam de l’encre de Chine. J’ai employé du rouge pour illustrer une statue de Lénine, alors qu’elle était devant des arbres verts, et j’ai tenté de représenté le froid hivernal d’une auberge de Dublin.
Une photo prise rapidement montrera un tout dans son ensemble, le dessin permettra de mettre l’accent sur quelque chose, un détail, un ressenti, une impression.
Il y a dans la pratique du dessin une prise de risque, une impression de se mettre à nu, qu’on n’a pas avec un appareil photo, où il est plus facile de se cacher derrière l’objectif. Cependant, d’un point de vue interaction sociale, il est selon moi plus agréable de tendre un carnet que de montrer une photo sur l’écran de son appareil. Il y a des croquis fait en 2 coups de crayon, pour capter un instant. Et il y a ceux où j’ai passé de longs moments, où mon esprit vagabondait à chaque nouvelle ligne.
Il y a plusieurs atouts à se mettre au croquis de voyage, dont voici une liste non exhaustive :- rencontrer plus facilement des gens (voyageurs, autochtones, enfants…)- se rendre compte de détails, grâce à l’observation, à côté desquels on peut passer- s’immerger dans une culture, en essayant d’en comprendre les lignes, les formes, les couleurs, les motifs…- donner comme cadeau ou souvenir des croquis que l’on a fait- recevoir en cadeau ou souvenir des croquis que l’on demande- retrouver l’usage des pinceaux, des crayons, de la peinture, qu’on a souvent délaissés depuis l’enfance- avoir une satisfaction personnelle à se rendre compte de ses progrès, dessin après dessin- posséder un souvenir unique, en un seul exemple- faire une pause, le temps d’un croquis, pendant des voyages où l’on va souvent trop vite
Vous pouvez retrouver l'ensemble de mes croquis sur mon site internet.En espérant que cet article vous donnera l'envie de ressortir vos feutres et crayons de couleur :)