Les 6 plus grands défis environnementaux en Asie du Sud-Est
L'Asie du Sud-Est est objectivement l'une des plus belles régions de la planète. Elle est recouverte de jungles denses, parsemée de plages magnifiques et abrite en elle une faune incroyable. Ajoutez à ceci quelques centres urbains spectaculaires, récemment stimulés par une croissance économique massive, et vous obtenez l'une des régions du monde les plus prisées.
Malheureusement, le fait de sortir les gens de la pauvreté aussi rapidement dans un monde où tout va de plus en plus vite, se fait souvent au détriment de l'environnement local. Et cette partie du continent asiatique en est le parfait exemple. La plupart des questions environnementales dans cette région du monde sont inextricablement liées. Le fait est que, travailler et contribuer à améliorer ces problèmes, aura forcément des effets bénéfiques sur le reste.
De retour de cette magnifique région, je vous propose de nous pencher sur les 6 plus grands défis environnementaux en Asie du Sud-Est. Nous vous exposons les problèmes, mais également les petites choses, aussi humbles soient-elles, que nous pouvons tous faire pour apporter notre pierre à l'édifice :
1. La conservation des espèces menacées d'extinction.
Quel est le problème : l'Asie du Sud se trouve presque entièrement dans les tropiques. Elle abrite une jungle dense à la biodiversité exceptionnelle. En raison d'un grand nombre de facteurs, comme le braconnage ou la déforestation, de nombreuses espèces indigènes sont menacées. L'un des animaux les plus menacés, mais aussi l'un des plus majestueux, n'est autre que l'éléphant d'Asie. Le nombre total de ces pachidermes dans le monde a malheureusement chuté à moins de 30 000. Un chiffre dérisoire quand on sait qu'ils étaient plus de 100 000 au début du XXème siècle (pour la Thailande seule). C'est pas brillant-brillant.
(crédit : Dennis Jarvis)
Les éléphants d'Asie sont en danger pour un certain nombre de raisons : Ils font tout d'abord l'objet de braconnage pour l'ivoire. Et bien que le braconnage des éléphants soit illégal, il persiste. Deuxièmement, ils connaissent une destruction généralisée de leur environnement. La nourriture devient de plus en plus compliquée à trouver, obligeant les éléphants à se rapprocher de l'Homme. Et parlons franchement, qui dit contact avec l'Homme, dit danger (autant pour l'éléphant que pour nous-même).
Et si il n'y avait que les éléphants. Ces animaux ne sont nullement les seules espèces en voie de disparition en Asie du Sud-Est. Le tigre de Sumatra, l'orang-outan ou encore le rhinocéros de Java sont confrontés à une grave menace d'extinction. Certains estiment que plus de 40% de toutes les espèces végétales et animales en Asie du Sud-Est pourraient s'éteindre au cours du 21ème siècle. Ce n'est tout simplement pas envisageable.
Comment peut-on aider : L'enjeu, c'est la conservation. A grande échelle, cela signifie sévir contre le braconnage et soutenir les réserves naturelles. Pour aider à réduire le braconnage, vous pouvez faire un certain nombre de choses : Ne jamais acheter d'ivoire ou tout autre produit issu d'une espèce en voie de disparition. Limiter la demande est une des premières étapes pour mettre fin à ce fléau. Vous pouvez également appuyer des organismes comme le Fond mondial pour la nature et ainsi soutenir les patrouilles anti-braconnage.
Et puis, ce serait franchement dommage de les perdre non ?
2. La pollution de l'air.
Quel est le problème: la pollution de l'air est un problème mondial, mais l'Asie du Sud compte parmi les régions du monde les plus touchées, juste derrière l'Asie de l'Est et l'Inde. Des "brumes" sont également alimentées par la généralisation des incendies, pour la plupart intentionnels, puisque petits agriculteurs ou entreprises tentent de défricher les arbres afin de pouvoir exploiter les terrains pour les années suivantes.
(crédit : NASA Goddard space flight center)
Les brumes de l'Asie du Sud-Est sont devenus de plus en plus fréquentes et peuvent se propager dans de nombreux pays, provoquant des problèmes de santé et de sécurité graves. En 2013, la plupart des incendies ont été provoqués en Indonésie, et ont causé des problèmes jusqu'à Singapour, Brunei, en Malaisie, et en Thaïlande. Au cours de ces "brumes", les cités s'arrêtent, ajoutant des coûts économiques importants à la longue liste de conséquences.
Comment peut-on aider: A vrai dire, la pollution de l'air n'est pas un problème simple à résoudre. Et combattre ces "brumes" s'avère compliqué si vous ne vivez pas sur place. Cela dit, nous partageons tous la même atmosphère. C'est un discours un peu rouillé, mais continuons tout de même à économiser nos énergies, et réduisons ensemble notre empreinte sur la pollution (c'est à peu près tout ce que l'on peut faire à notre niveau, pour le reste, c'est aux dirigeants de jouer).
3. Le destruction des récifs coralliens.
Quel est le problème: l'Asie du Sud est connue pour ses récifs coralliens incroyables. D'ailleurs, la zone connue sous le nom de "Triangle de corail", essentiellement centrée sur les îles de l'Océanie, est l'environnement marin le plus diversifié du monde sur le plan biologique. Malheureusement, les récifs de l'Asie du Sud-Est ont été sérieusement dégradés au cours de ces dernières décennies.
(crédit : Carson)
Plusieurs facteurs entrent en jeu : tout d'abord, il faut savoir que l'océan absorbe environ un quart de tout le dioxyde de carbone que nous rejetons dans l'atmosphère chaque année. Bien que cela aide à réduire considérablement les effets du réchauffement climatique (temporairement), il y a le revers de la médaille. En effet, lorsque le carbone est absorbé, il se converti en acide carbonique, ce qui accroît le niveau d'acidité des océans au fil du temps. Cette acidification affaiblit fondamentalement les récifs coralliens, les rendant plus vulnérables aux maladies, et moins susceptibles de se remettre des perturbations.
Le second facteur, c'est la surpêche. Non seulement la suppression généralisée des espèces de poissons nuit à l'écosystème des récifs coralliens, mais la plupart des méthodes utilisées pour capturer les poissons ne sont tout simplement plus envisageables, telles que la pêche aux explosifs (l'utilisation de dynamite), et la pêche au cyanure (en utilisant du cyanure de sodium pour étourdir le poisson et les capturer pour les aquariums personnels).
Comment peut-on aider : Il existe un certain nombre de choses que vous pouvez faire pour protéger ces récifs coralliens. La première, évidemment, est d'essayer de réduire votre empreinte carbone. Moins de carbone dans l'air signifie moins de carbone dans l'océan, et donc moins d'acidité.
Si vous êtes propriétaire d'un aquarium, assurez-vous de ne jamais acheter de poissons capturés au cyanure. Veillons également à surveiller notre consommation de poissons et fruits de mer. Il ne s'agit pas de tout couper, mais de se rabattre éventuellement sur les produits de la mer de nos régions.
Et enfin, si vous allez plonger dans l'un de ces récifs, assurez-vous d'utiliser un opérateur de plongée qui est axé sur la durabilité, et qui est conscient des menaces qui pèsent sur les récifs locaux. Et puis, si vous êtes dans la région pendant un certain temps, pourquoi ne pas faire un peu de bénévolat pour le nettoyage des récifs ?
Le petit cadeau : prenez le temps de visualiser ce timelapse magnifique et hypnotisant, pour mieux comprendre la magie des coraux.
4. La déforestation.
Quel est le problème: Dans cette région du monde, les villes et les populations augmentent, ce qui inclut le fait que de plus en plus de terrains soient "nécessaires" à cette croissance. C'est là que la déforestation nous dit bonjour.
En Asie du Sud-Est en particulier, compte tenu de sa position dans les tropiques, beaucoup de parcelles de forêts tropicales se voient détruites. Ces forêts figurent parmi les écosystèmes les plus biologiquement diversifiés de la planète. Elles sont non seulement le foyer de plus de la moitié des espèces végétales et animales de la planète , mais elles fournissent également plus d'un quart de nos médecines naturelles, et elles absorbent plus d'un quart du dioxyde de carbone de notre planète. Leur importance est capitale.
(crédit : wakx)
Alors, naturellement, les effets de la déforestation des forêts tropicales peuvent être catastrophiques, non seulement, parce qu'ils détruisent les plantes et habitats de nombreux animaux, mais ils accélèrent également les changements du climat et nous privent potentiellement de médicaments qui sauvent de nombreuses vies inconnues. La déforestation n'est pas un problème facile à résoudre en soit. Souvent, il arrive souvent que les familles pauvres aient besoin de plus d'espace pour planter leurs cultures ou aient tout simplement besoin de bois de chauffage.
Le problème de l'huile de palme
Le développement des plantations de palmiers à huile est à l’origine d’une déforestation massive en Indonésie et en Malaisie, les deux premiers producteurs mondiaux.
Au cours de la dernière décennie, ce sont chaque année 13 millions d'hectares de forêt qui ont été rasés de la surface de la planète, selon la FAO. Nul ne l'ignore plus, le binôme commerce du bois - exploitation du palmier à huile est le premier responsable de ce désastre, orchestré par ces deux industries avec l'agrément des Etats.
Les palmeraies surexploitent et empoisonnent les réserves en eau, en utilisant engrais et pesticides. Au bout de vingt ans d’exploitation, il ne subsiste rien qu’un sol dégradé. Les plantations familiales représentent encore 60 % du secteur des plantations à l’échelle mondiale. Le reste des palmeraies est essentiellement exploité par de grands groupes d’envergure internationale.
L'Indonésie pratiquement rasée
En Indonésie, 90 % des forêts ont été déboisés à cause du commerce du bois puis de la conversion en palmeraies. Bien sûr, cette déforestation est responsable de l’expropriation des populations locales, qui les prive de leurs principales ressources. Bien souvent, celles-ci n’ont d’autre choix que de céder leur territoire ancestral à des investisseurs étrangers qui s’installent avec l’aide des pouvoirs politiques, voire de l’armée si nécessaire.
Ces forêts sont pourtant le refuge d’une rare biodiversité (l’Indonésie abrite de 10 à 15 % des plantes, mammifères et oiseaux connus au monde). Certaines espèces animales, dont les emblématiques orangs-outans, les éléphants, et les tigres de Sumatra, sont directement menacées de disparition à court terme.
Pour se procurer l'huile de palme nécessaire au Nutella (par exemple), des individus sans scrupule mettent le feu pour faire tomber les orang-outan des arbres. Celui ci a été brûlé et n'a pas survécu à ses blessures. L'homme ne veut pas partager, il veut tout posséder au risque d'éteindre une espèce.
Comment peut-on aider: Arrêter la déforestation n'est tout simplement pas possible tant qu'il y a une croissance de la population. Mais il ya des façons de le faire de manière durable. Nous devons soutenir les organisations travaillant sur les campagnes de compensation carbone. Vous pouvez également vous assurer d'acheter du bois recyclé, et acheter des produits issus de sociétés qui s'engagent à une politique zéro de déforestation. Concernant l'huile de palme, il en va de soi ...
5. La sécurité de l'eau.
Le problème: Le monde entier pourrait bientôt atteindre l'instant critique, où nous allons commencer à consommer l'eau douce plus vite qu'elle ne peut être réapprovisionnée. L'Asie du Sud-Est est particulièrement touchée du fait que les glaciers de l'Himalaya, qui servent de sources pour la plupart des grands fleuves d'Asie (y compris le Mékong, qui traverse la Chine, le Myanmar, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam), sont en train de fondre à une vitesse folle. Des fleuves comme le Mékong sont déjà fortement endigués. Sachant que cette eau est essentiellement utilisée pour la croissance des cultures, ceci soulève des questions de sécurité alimentaire.
(crédit : Fredrik Thommesen)
L'eau douce, facilement disponible, est en grande partie polluée ou insuffisamment désinfectée. L'Indonésie est le pays le moins bien loti dans la région, puisque seulement 30% des habitants des villes et 10% des habitants de villages ont accès à l'eau potable.
Comment peut-on aider : Si vous êtes en visite en Asie du Sud-Est, vous pouvez participer de manière bénévole au nettoyage des rivières, ou soutenir les projets d'assainissement de l'eau dans les villages qui n'ont pas accès à l'eau potable.
6. L'urbanisation croissante.
Quel est le problème : l'Asie du Sud-Est n'est pas épargnée par l'urbanisation de plus en plus rapide qui s'opère actuellement dans le monde. Et ces changements entraînent des conséquences environnementales importantes, en particulier si elles ne sont pas guidées de manière intelligente et durable par les politiques. L'urbanisation peut conduire à la surpopulation, la pollution, le manque d'hygiène, et l'instabilité politique, ce qui pourrait conduire à des conflits violents, jamais bons pour l'environnement. En outre, si les villes sont mal pensées, l'étalage urbain massif entraîne toujours plus de déforestation, et donc de destructions des habitats, et d'émissions de carbone.
(crédit : prachanart viriyaraks)
En plus de cela, les habitants des villes ont tendance à élever leurs niveaux de consommation de produits alimentaires, d'énergie. Les ressources dont dépendent les populations rurales sont également mises sous pression.
Comment peut-on aider : L'urbanisation n'est pas une cause totalement perdue. Finalement, une grande partie de l'atteinte potentielle à l'environnement dépend plus du comportement des habitants plutôt que la simple existence de ces villes. Des villes bien pensées seront durables et auront un impact bien moins important sur l'environnement. Vous pouvez également soutenir les organisations qui favorisent le développement durable dans ces régions.