France-Philippines sans avion : plus de 69 000 km parcourus en stop sur les routes du monde

Comment tout a commencé
Retour en mai 2016. Dans un contexte de vie parisienne un peu morose (après les attaques terroristes de novembre 2015 et ma démission professionnelle pour m'éviter un burn-out), une idée a germé : tout plaquer pour faire un Tour du Monde. C'était le bon moment; après tout nous n'avions pas de crédit, pas d'enfant, et la vie devant nous!
Très vite, l'idée d'entreprendre un voyage unique, qui nous ressemble et à la hauteur de nos convictions s'est imposée. N'ayant plus de rentrées d'argent, mais beaucoup de temps, nous nous sommes tournés vers des solutions alternatives et éco (économiques et écologiques !) :
Se déplacer uniquement en stop, une pratique que nous avions déjà testée en France et ailleurs, et qui nous plaisait beaucoup pour le côté rencontres, aventure et impact écologique faible (l’autostoppeur(se) occupe l’espace disponible d’un véhicule déjà en mouvement, qui ne devrait pas faire plus de kilomètres que prévu: c'est pourquoi on considère son impact comme étant nul, à l'inverse du covoiturage où le conducteur va, dans la plupart des cas, définir son trajet pour des raisons économiques et rentrer dans un système d'offre/demande)

Être hébergés chez l'habitant, via les réseaux d'hospitalité ou des missions de volontariat, afin de vivre en immersion totale dans chaque pays visité, découvrir d'autres cultures au contact d'inconnus, de s'enrichir via l'échange humain
Bivouaquer sur la route lorsque cela est nécessaire, en respectant la nature et ne laissant aucune trace derrière nous
Pratiquer le bateau-stop et plus précisément le voilier-stop, pour traverser les océans

Notre parcours
Partis sans guide de voyage, avançant par étape au jour le jour, nous nous sommes laissés guider par les rencontres, les opportunités, les lieux que nous souhaitions voir, les conditions de séjour (passage de frontière, visa, dangers) et... les conditions météorologiques! Au départ, nous nous étions fixé comme objectif d'atteindre l'Australie - non pas parce que nous rêvions d'y aller, mais plutôt parce que ce pays se trouve à l'opposé du globe et l'atteindre représentait un défi de taille. Mais honnêtement, on souhaitait surtout aller le plus loin possible et montrer qu'on pouvait le faire en stop, sans avion !
On s'est donc frayé un chemin vers l'est, vers l'Asie, via la Route de la Soie. Entre la France et les Philippines, nous avons traversé 26 pays, parcouru 62381 km sur terre, 3581 milles marins en mer (soit environ 6632km supplémentaires) et stoppé 1202 véhicules, 4 voiliers et 1 Ro-Ro.
Pour te donner une idée, si nous avions parcouru la même distance en avion, nous aurions émis 10.000kg CO2/personne... (source: calculateur Ecolab de l'ADEME)

En stop, il peut tout arriver
Sur la route, il nous est arrivé quelques bricoles...devenues de belles anecdotes à raconter !
Nos débuts en autostop dans le premier pays visité, l'Italie, n'ont pas été hyper concluants: temps d'attente très longs, indifférence des conducteurs... Pour mettre toutes les chances de notre côté, nous changeons de stratégie: plutôt que d’indiquer la destination sur un bout de carton, nous allons écrire « nous sommes gentils » en italien. On sort notre traducteur hors-ligne, de l’anglais vers l’italien, et on refait notre carton. Cela partait d’une bonne idée, pourtant nous attendrons encore longtemps à la sortie de Florence…
Au bout de 3h d’attente, quelqu’un finit par nous signaler que nous n’étions pas dans la bonne direction pour aller à Nice. Pour aller à Nice ? « C’est écrit Nizza, vous souhaitez aller dans le sud de la France, non? » Pas vraiment, non… On comprend trop tard que Google nous a traduit « nice » (sympa, en anglais) en « Nizza » (Nice la ville française, en italien) !

Et une deuxième pour la route :
En Iran, un de nos conducteurs d'autostop nous dépose à Langrud, dans un parc aménagé où nous pourrons planter notre tente pour la nuit. On se trouve un coin isolé, on sort le matériel de camping… Mais voilà que les policiers débarquent et nous obligent à planter notre tente près de la route, en face du poste de police et au milieu de dizaines de tentes de touristes iraniens. Ce n’est pas vraiment comme cela que nous avons l’habitude de camper, mais pour une seule nuit, nous allons nous adapter…
Finalement, nous n’entendrons même pas la grosse averse de pluie qui s'est abattue cette nuit-là. L’eau a fini par faire fuir tous nos voisins qui n’avaient pas de tentes aussi imperméables que la nôtre; en revanche, par crainte que nous soyons trempés (et toujours avec une extrême bienveillance), certains ont déposé une bâche plastique sur notre tente… nous laissant muets de surprise au réveil, touchés par cette hospitalité iranienne !
Le coût de notre voyage
C'est la question que l'on nous a posée le plus souvent : « Combien coûte votre voyage ? Comment le financez-vous ? Gagnez-vous de l'argent en voyage » ?... Preuve que l’argent reste le sujet principal de préoccupation !
Nos réponses vont sans doute te surprendre, mais nous avons dépensé au total 9209,50€ à deux en 4 ans – soit 4604,75€ chacun, ou 3,40€ dépensés/jour/personne en moyenne. Cela ne comprend pas les quelques frais personnels (achat de matériel et vêtements d’occasion), ni les frais d’assurance (entre 800 et 900€/an pour deux). Tu dois te demander comment cela est possible, s' il n'y a pas d'erreur de calcul...
Eh bien non : cela s'explique par le fait que nous ne dépensons rien en termes de transport (tour du monde en stop et sans avion) et en hébergement (logés gratuitement chez l'habitant, bivouac ou quelques nuits à la belle étoile).
Nos seules dépenses concernent donc :
- la nourriture, que nous achetons principalement sur les marchés, et que nous cuisinons pour nous et nos hôtes en remerciement de leur hospitalité (note: nous sommes végétariens et ce régime revient donc moins cher qu'un régime carnivore)
- les visas
- les activités/visites

Concernant notre épargne, nous sommes partis avec nos économies uniquement, sans bénéficier d’aide financière ou être sponsorisés. Avec un budget annuel d'un peu moins de 1200€ chacun, autant dire que nous n'avons pas été vraiment embêtés par notre banquier !...
À partir de novembre 2019, au bout de 3 ans de voyage, Julien a eu l'opportunité de gagner un peu d'argent en donnant des cours de français en ligne et en réalisant quelques missions en tant qu’Assistant Web / Webmaster: cela n'était pas du tout notre domaine de compétences à la base (nous étions tous les deux managers d'essais cliniques), mais nous avons appris sur la route plein de nouvelles compétences !
Se lancer dans un voyage sans avion
Lorsque nous sommes partis en 2016, nous avons eu bien du mal à faire comprendre notre démarche, ou de trouver beaucoup de contenus sur le sujet (on pouvait en revanche trouver sans problème des informations sur « comment acheter son billet d’avion moins cher », « quoi mettre dans son bagage cabine », « quels hôtels réserver »).
C'est ce qui nous a motivés à parler davantage de notre démarche, à prendre le temps d'écrire, d'échanger pour conseiller et renseigner d'autres voyageurs qui s'intéressent à un type de voyage différent et partagent les mêmes valeurs que nous (écologie, voyage responsable, éthique, etc).

Si le sujet t'intéresse, tu peux:
- visiter notre blog voyage: www.serialhikers.com
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Rédactrice en chef du site Voyager Loin. Passionnée par le voyage, je vous emmène avec moi dans une belle aventure à la découverte de notre planète ! Baroudeuse 2.0 et apprentie aventurière, je suis une ultra connectée qui prend le temps de déconnecter devant la beauté du monde.