Le Bhoutan : le pays du Bonheur, ou presque

Publié il y a 9 ans

Le Bhoutan est ce tout petit pays d'Asie coincé entre les deux géants que sont l'Inde et la Chine. Pas plus nombreux que les habitants de Marseille, les Bhoutanais sont connus pour être l'un des peuples les plus heureux de la Terre.

C'est en 1972 que le roi du pays Jigme Singye Wangchuck instaure le Bonheur National Brut, en privilégiant le bien-être des habitants à la croissance économique. Il est vrai que la vie y est très humble. Jusque dans les années 60, le pays n'avait ni route, ni téléphone, ni même monnaie et la télévision a envahit les foyers en 1999 seulement.

© Mollah Ishtiaque © Mollah Ishtiaque

Le Bouddhisme n'est pas seulement une religion au Bhoutan, c'est une manière de vivre et d'agir au quotidien. Rien ne se boit ni ne se mange sans avoir préalablement fait une offrandes aux divinités et chaque aliment est choisi de façon éthique. La relation entre un homme et ses vaches, ou yaks, est sacrée : les bhoutanais ne mangent jamais leur propre vache et donnent la priorité aux veaux avant de tirer du lait.

De plus, le Bhoutan se vante d'être en phase de devenir le premier pays au monde à l'agriculture 100% biologique et la constitution exige que 60% du territoire reste boisé pour l'éternité. Le gouvernement a une vision holistique du développement, il ne s'agit pas de penser au progrès industriel mais de donner d'abord la priorité à la tradition et à l'écologie.

Le premier ministre du Bhoutan résume cette philosophie par une seule question: "S'il faut penser à un projet permettant le développement économique, est-ce que cela nous rendra plus heureux? Certes plus riche, mais plus heureux?Ainsi l'environnement est préservé.

© Walter Callens © Walter Callens

Mais c'est aussi dans la quête du bonheur que le bouddhisme prend toute sa place, car les habitants ne possèdent presque rien mais ils ne manquent de rien. Ils savent intimement que tant qu'ils ne voudront pas trop de choses, ils n'auront à s’inquiéter de rien...ce qui est évidemment à l'opposé de notre culture et de notre propre vision du bonheur. Pour un reportage de l'émission "Faut pas rêver" une none nous explique :

"Si vous avez la chance d'étudier les écritures comme nous l'enseigne Bouddha, si vous pratiquez, alors vous ne serez jamais en peine ou en manque de quoi que ce soit, de nourriture ou des autres nécessités de la vie, c'est la vérité et je crois que je ne manquerai jamais de rien". L'une des plus grandes statue de Bouddha du monde (52 mètres) se dresse au dessus de la capitale Thimphu :

The giant buddha looking over Thimphu, Bhutan Le vol n'existe pas dans le pays, si quelqu'un a un véritable besoin l'état intervient. Au Bhoutan les écoles sont gratuites pour tous et les étudiants accèdent à des cours de qualité. Les soins médicaux sont également offerts, les habitants ne payent ni l'hospitalisation, ni la chirurgie, ou les traitements.

De plus afin de limiter la pollution et de pousser la population à faire de l'exercice, un dimanche par mois est une journée piétonne. Il est interdit de prendre la voiture avec une exception pour les transports en commun et sauf urgence médicale.

© Olivier & Pascale Noaillon © Olivier & Pascale Noaillon

Vous vous imaginez déjà prendre votre petite famille et vous envolez vers le pays du bonheur? Ce ne sera pas si simple..l'accès au Bhoutan n'est pas facilité et il vous faut passer par une agence spécialisée qui vous créera un circuit pour un séjour limité, et cher. En effet les 100 000 touristes autorisés à voyager au Bhoutan en une année (contre 83 millions pour la France), doivent s'engager à dépenser 250 dollars par jour, autant dire que l'on comprend que le baroudeur sans argent n'est pas le bienvenue...

Mais il en va de la préservation d'un équilibre fragile loin de la mondialisation, pour la protection le l'environnement. Le pays du Bonheur cherche à se développer sans perdre son âme. 

© David Lazar © David Lazar

Même si aujourd'hui la jeunesse tend à se moderniser, notamment depuis l'accès à internet, la culture du bonheur reste bien présente et continue d'alimenter les objectifs de chaque individu. Encore aujourd'hui le Bhoutan compte plus de moines que de soldats, et chaque famille espère que l'un de ses membres deviendra moine. Ils peuvent aussi avoir une profession, être père de famille, être une femme, ou n'avoir que 6 ans seulement...

Les enfants peuvent décider d'eux même,  dès leur plus jeune âge,  s'ils souhaitent devenir moine.

©  G. Broust  Cérémonie au Temple Trongsa Dzong © G. Broust

Mais bien des bhoutanais ont aussi la chance de pouvoir étudier une profession artistique et de bien en vivre, le patrimoine culturelle du pays est valorisé par ses artistes qui s'expriment librement.

On remarque d'ailleurs le travail surprenant et pour certains choquant des peintres Bhoutanais, qui ornent bien des maisons avec des phallus géants ! Les organes génitaux masculins symbolisent la prospérité et la fertilité, les peindre sur les façades permet d'éloigner le "mauvais œil".

© G. Broust  © G. Broust

Ainsi le Bonheur National Brut s'appuie sur 4 piliers : Une bonne gouvernance, un développement économique durable, la protection de l'environnement, et la préservation de la culture. De ces valeurs découlent 33 autres indicateurs comme la santé psychologique ou encore la gestion du temps.

C'est au gouvernement de chercher et de proposer les meilleures solutions au peuple afin que tous se sentent pleinement heureux. En 2005 le roi du Bhoutan estime que la monarchie absolue a fait son temps et annonce les premières élections pour 2008, le pays accède à la démocratie et le changement vient de la royauté elle-même.  

Le peuple ne comprend pas cette décision, mais l'accepte, voilà encore une preuve de bonne gouvernance mais aussi de bienveillance quand au futur des Bhoutanais. © Ryanne Lai © Ryanne Lai

Mais malgré l'aspect "tout est beau, tout est rose" cette politique de préservation inclue une nette fermeture à la diversité culturelle. En effet, 20% de la population est d'origine Népalaise et Hindouiste. Tout allait bien jusqu'en 1985, la cohabitation des diverses ethnies était paisible depuis plusieurs générations, mais cette année là le gouvernement adopta la loi sur la nationalité qui va alors destituer les habitants d'origine népalaise de leur citoyenneté. 80 à 100 000 d'entre eux sont donc contraint de quitter le pays.

Puisque la pratique de leur religion et de leur langue leur est interdite, ils seront alors envoyés dans des camps au Népal durant 20 ans avant que quelques familles soient accueillis entant que réfugié par des pays comme le Canada, les Etats-Unis ou encore l'Australie. Cependant presque trente ans plus tard, le Bhoutan montre des signes d'ouverture en affirmant financer un temple Hindou permanent au cœur de Thimphu.

© André Cornellier © André Cornellier

On peut donc se demander : pourrions-nous changer nos indicateurs de richesse comme notre PNB, au profit du BNB ? Les Nations Unies et l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) prennent très au sérieux l'expérimentation de ce nouveau mode de développement.

Les dirigeants du Bhoutan ont parfaitement conscience qu'il reste encore beaucoup de travail avant que le Bonheur ne devienne réellement national et à la portée de tous.

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Monastère de Taktsang © Francis Deport © Francis Deport

Pour mieux comprendre la philosophie ou la religion Bouddhique je vous conseille vivement de lire Les 18 règles de vie du Dalaï-Lama  un excellent article à partager!

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Par Flora

Namasté les baroudeurs ! Je suis Flora Deschamps. Voyageuse passionnée, je parcours le globe depuis plus de 12 ans et j'ai à cœur de transmettre ce goût de l'ailleurs. Mon voyage le plus marquant ? C'est l'Inde ! J'ai vécu deux ans sur les contreforts de l'Himalaya Indien, où est née ma seconde passion, celle du développement personnel. Je m'intéresse à toutes les cultures et toutes les spiritualités. Au plaisir de vous faire voyager à travers mes articles.