A la découverte de trois mégapoles chinoises, où se mêlent moderne et traditions
Avant de partir là-bas, je n'avais aucune idée de ce qui pouvait m'attendre en Chine. Le programme jouait sur un bel équilibre entre la modernité dont le pays veut faire preuve et avec le côté plus traditionnel qu'on peut encore y trouver. Ce qui est sûr, c'est que dire que c'était un dépaysement complet est un sacré euphémisme.
Le vol pour aller jusqu'à Pékin met déjà bien en place les bases : neuf heures à plusieurs kilomètres au-dessus du plancher des vaches. Décalage horaire et coupure quasi nette avec l'extérieure (certains sites Internet sont bloqués là-bas, à moins de savoir utiliser un VPN).

A la sortie de l'aéroport, le premier contact avec la vie chinoise se fait via la circulation. Dense, crispée : il faut au bas mot une heure pour rejoindre le centre-ville. Et encore, ce n'était pas encore l'heure de pointe, à priori. La vie routière est d'ailleurs très impressionnante… Et sonore. Les klaxons crient par dizaines dans les rues et sur les autoroutes. Dans les artères principales des grandes villes chinoises (Beijing, Hangzhou et Wuhan en l'occurence), les deux roues ont droit à leurs voies séparées du gros des véhicules.
Cela paraît très organisé mais il reste quand même l'impression de parfois assister à une immense pagaille. Surtout que les piétons et les deux roues se déplacent parfois sans tenir compte les uns des autres, surtout les piétons. Ainsi, les cyclistes et motocyclistes s'évertuent à faire sonner presque continuellement leurs klaxons ou sonnettes pour éviter une collision. En général, elle n'arrive jamais, mais c'est bien parce que les piétons se dégagent du chemin rapidement. Ou alors parce que le conducteur du deux roue s'écarte au dernier moment.

Les anciens et les modernes

L'autre changement principal que l'on peut remarquer lorsqu'on débarque pour la première fois dans une grande ville urbaine chinoise est son immensité. A Pékin, c'est encore plus facile à repérer, surtout aux abords de la fameuse Cité interdite, sur la célèbre place Tian'anmen. Entourée de différents monuments à la gloire de la Chine et de Mao Zedong, la place est tout simplement immense. Il n'y a pas d'autre mot pour la décrire. Peut-être vide, mais ce serait oublier tous les promeneurs et touristes qui s'y baladent quotidiennement. Au centre figure le massif monument aux Héros du Peuple, un obélisque de 38 mètres de haut. C'est impressionnant de grandeur et d'espaces. Ce n'est pas le seul endroit qui témoigne de cette sorte de culture de l'immensité. La Cité interdite elle-même est immense. 72 hectares de bâtiments superbes aux décorations magnifiques qui s'étirent le long de "salles" à ciel ouvert immense.
C'est l'un des joyaux de la capitale chinoise, qui témoigne d'une histoire riche et d'arts ancestraux raffinés. On peut voir partout (si on arriver à esquiver les touristes) des escaliers sculptés, des bas-reliefs sur les devantures de certaines portes, des corniches décorées de vert, de bleu et d'or, etc. Et si l'art vous intéresse, on peut également aller voir du côté du musée interactif de la Cité, où il est possible d'admirer des reproductions numériques de certains objets des différentes dynasties impériales : vases, vêtements, lanternes, faïences, etc. De quoi bien allier la modernité des nouvelles technologies avec l'Histoire du pays.




Dans tous les cas, les deux univers, urbain moderne et urbain traditionnel, se mêlent facilement. On peut facilement se retrouver dans un petit endroit très typique, notamment à Pékin, au détour d'une grande rue où le trafic est incessant. Le quartier de Nanluoguxiang l'illustre à la perfection. Situé à un petit peu plus d'un kilomètre de la Cité interdite, c'est l'endroit rêvé pour découvrir l'une des architectures typiques de la Chine avant l'urbanisation, les hutongs. L'allée principale, qui porte le nom du quartier offre un aperçu de différents modes de vie à Pékin, même si elle est elle aussi très fréquentée par les touristes. A raison : c'est un coin vraiment magnifique, où les arbres viennent recouvrir presque toute la largeur de la rue et où se sont installés différents magasins, parfois typiques, d'autres moins (notamment un Starbucks caché dans l'un des bâtiments). Et à moins d'un kilomètre de là se trouve le quartier de Shichahai, petite pépite de tranquillité, situé aux abords de trois lacs paisibles et où les commerces et les bâtiments ont un côté encore plus rustique et traditionnel que dans la rue de Nanluoguxiang.
Plus on s'éloigne du cœur historique de Pékin, plus on voit les buildings se profiler. Heureusement, tout n'est pas que gratte-ciels dans la ville, et on peut y découvrir d'autres coins plus insolites. C'est le cas par exemple du 789 Art District. Changement total de décor : ici on y trouve d'anciennes usines et manufactures de produits électroniques. Désaffectés, les lieux ont été réinvestis par différents artistes à partir du début des années 2000, pour devenir aujourd'hui un véritable centre artistique, avec différentes expositions. Coincé au milieu de ces décors industriels, on a un peu l'impression de se retrouver au milieu d'un quartier new-yorkais ou berlinois.






Villes lumières


Ça c'est Pékin. Mais dans d'autres villes fortement urbanisées, on trouve également de petites oasis de verdure et traditionnelles. C'est le cas dans les villes de Hangzhou et Wuhan. Pourtant, à l'arrivée, depuis l'aéroport jusqu'au centre-ville où se trouvent la plupart des hôtels, c'est le faste des gratte-ciels. Et si de jour on peut penser que ce ne sont que des immeubles, haut et parfois originaux certes, ils offrent un tout autre spectacle une fois la nuit tombée. Les bâtiments sont illuminés de LED. Le sommet des tours, des façades entières d'immeubles, des dômes complets se la jouent comme à Times Square. Sauf que cela s'exporte à l'ensemble des villes, pas seulement au centre. Certaines tours se transforment en écrans géants, affichant des mini-films et publicités sur plusieurs étages d'illuminations.
Les centres commerciaux et certaines rues ne sont bien sûr pas en reste, c'est d'ailleurs là qu'on peut principalement en prendre plein les yeux. Il y a des lampadaires aux formes diverses et variées, multicolores, des dômes qui prennent vie grâce aux LED, pour venir afficher comme un court-métrage animé de chevaux en plein galop. A Wuhan, c'est le centre commercial Wanda Plaza qui représente bien cela. L'endroit a des airs de parc d'attractions pour adultes. Tout est illuminé la nuit, la foule y est immense.




Lac de l'Ouest et Lac de l'Est


A quelques centaines de mètres d'un boulevard de Hangzhou, foisonnant de magasins de luxe et autres boutiques, se trouve le fameux Lac de l'Ouest, avec ses nénuphars, ses pavillons et pontons flottants. D'une circonférence de 15 kilomètres, l'étendue d'eau est un petit bijou de nature à découvrir. Mais la cité, qui a accueilli le sommet du G20 cette année possède bien d'autres choses à découvrir, notamment cette association si paradoxale des immeubles modernes et de lieux traditionnels et naturels. Ainsi, si vous aimez l'architecture démesurée et originale, n'hésitez plus et faites donc un tour près de l'Hôtel Intercontinental dans le district de Binjiang, qui se situe juste à côté des berges du fleuve Qiantang. Les amoureux de l'architecture plus traditionnelle, et de retraites spirituelles, il y a également de quoi faire. En premier lieu, la fameuse Pagode des six harmonies, qui surplombe et offre une vue impressionnante sur le Qiantang.
Et puis il y a enfin le temple Lingyin, aussi appelé "temple de la retraite des âmes", important temple bouddhiste et important monument de l'histoire chinoise. Si l'on s'éloigne un peu plus de la ville, on pourra y trouver les quartiers généraux de l'entreprise Alibaba, immense plate-forme de e-commerce. Les locaux sont situés là où autrefois on pouvait trouver des marécages, et l'architecture de l'espace (immense également), joue très bien là-dessus en offrant un contraste entre le bâtiment clinquant et la petite rivière qui passe juste à côté.







A Wuhan, le contraste est le même. Comme les deux autres villes, la cité située dans la province du Hubei fait office aussi bien de pôle économique et commercial que de pôle historique. La preuve en est avec le musée provincial de Wuhan, qui abrite dans ses bâtiments à l'architecture ancienne mais rénovée des trésors de l'Histoire de la région et du pays dans son ensemble. Restes préhistoriques, exemples de céramiques chinoises, vestiges des dynasties qui ont régné sur le pays, etc. L'une des pièces maîtresses de la collection est bien sûr son carillon de cloches en bronze dont il est possible d'écouter une représentation dans le petit théâtre situé dans l'enceinte du musée.






C'est aussi à Wuhan que l'on peut observer le fameux Lac de l'Est, penchant occidental du lac vu à Hangzhou. Les nénuphars et pontons flottants sont là encore au rendez-vous, mais on peut également visiter le Château de Chu, vestige du royaume de Chu qui s'étendait notamment sur le Hubei. Mais là encore, ce n'est qu'une partie de ce qu'il est possible de voir dans la ville. L'un des monuments les plus visités de Wuhan est la Tour de la Grue Jaune. Détruite puis reconstruite plusieurs fois à travers les siècles, la version actuelle de la tour date de 1985 et reproduit le style ancestral de l'architecture chinoise mais avec des matériaux actuels.








Plus loin dans la ville, on peut également trouver le campus de l'université de Wuhan, un magnifique espace de plusieurs centaines d'hectares, perché sur la colline de Luojia, qui offre une belle vue le Lac de l'Est en contrebas et sur une grande partie de la ville. Verdure et bâtiments anciens, c'est une petite bouffée d'air frais par rapport au reste de la mégapole.




Ce séjour en Chine a en fait été plein de surprises et de contrastes. Un soleil rayonnant et un ciel bleu vif au lieu des nuages de pollution auxquels on s'attendait, des quartiers minimalistes incrustés au milieu de la démesure des buildings immenses... Et même au milieu de cette tendance à la modernité, il y a toujours de quoi explorer un peu l'Histoire du pays avec des sites et monuments plus traditionnels.
Et encore, ce n'était que trois villes sur un pays faisant près de 10 millions de km².
Je voudrais remercier nos contacts de l'Ambassade de Chine à Paris, ainsi que Min, Cédric, Emma, Céline et tous ceux qui nous ont bien gentiment accueillis lors de ce voyage.