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En juillet dernier, l’épargne réglementée a fait le grand écart. Entre les entrées et les sorties d’argent, les deux stars du placement, à savoir le Livret A et le LDDS, ont affiché une collecte nette record de 3,13 milliards d’euros. On fait le point dans cet article.
Les épargnes des Français se portent bien
En juillet, les épargnants ont continué à remplir comme jamais auparavant leurs Livrets A et LDDS. Et ce, malgré le maintien du taux à 3 % par le ministère des Finances. C’est ce qu’a révélé mardi la Caisse des dépôts (CDC).
Pour rappel, c’est cette dernière qui gère ces deux produits phares de l’épargne réglementée. Ainsi, le solde entre les versements et les retraits (collecte nette) le mois dernier sur le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) a atteint +3,13 milliards d’euros.
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C’est exceptionnel pour un mois de juillet ! En tout cas, cette prouesse porte le montant total à 547,4 milliards d’euros, un niveau inédit aussi. Le LDDS a été le moteur de cette collecte nette record, avec un mois de juillet exceptionnel (+0,97 milliard d’euros).
Le Livret A a également bien résisté en affichant +2,16 milliards d’euros. Battant alors des records en matière d’épargne, tant sur le mois de juillet que sur l’ensemble de l’année. Depuis janvier, les Livrets A et LDDS ont gonflé de 37,67 milliards d’euros (+7,4%). Bref, du jamais vu !
Si la tendance se poursuit, ils pourraient surpasser l’année record de 2012, stimulée à l’époque par la hausse des plafonds. Mais est-ce que ce sera le cas ? Seul l’avenir pourra nous le montrer.
Le passage de 2 à 3 % en serait la cause ?
Le Livret A connaît une année exceptionnelle. D’ailleurs, comment peut-on expliquer cet essor de l’épargne ? D’après nos confrères du Figaro, cela pourrait s’expliquer par le passage des taux de 2 à 3 % au 1er février et de la faible concurrence des fonds euros de l’assurance-vie.
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En matière d’épargne, ces derniers offrent en effet peu de rendement et sont moins promus par les assureurs. Ceux-ci privilégient davantage les placements en unités de compte (UC), plus risqués pour les épargnants.
« Malgré la décision de non-revalorisation du taux pendant 18 mois, les ménages ne modifient pas leur comportement », a observé Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a en effet décidé le 13 juillet de maintenir le taux à 3 % au 1er août et jusqu’à janvier 2025. Alors que le mode de calcul prévoyait 4,1 %. En réalité, c’était une proposition de François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.
Ce livret d’épargne a attiré plus de 37 milliards d’euros depuis le début d’année, un niveau inédit. Il pourrait même dépasser le record de 2012 (49,16 milliards d’euros en un an), qui avait bénéficié du relèvement des plafonds en fin d’année.
En outre, les épargnants seront mieux rémunérés avec environ 15 milliards d’euros cette année, contre 6,62 milliards d’euros en 2012.
Le taux bloqué à 3 % ne fait pas l’unanimité
Malgré ces bonnes nouvelles pour les épargnants, le taux bloqué à 3 % ne fait pourtant pas l’unanimité. Comme nous l’avons dit, le taux de rémunération des livrets d’épargne ne changera pas jusqu’en janvier 2025, malgré une inflation élevée.
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Cette décision du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, pénalise les épargnants. En effet, ces derniers vont perdre environ 3 milliards d’euros entre août 2023 et janvier 2024. À cela s’ajoutent 800 millions d’euros perdus entre février et juillet 2023, à cause d’un précédent arrondi du taux à la baisse, de 3,3 % à 3 %.
Un professeur de droit public à l’Université Panthéon-Sorbonne, Paul Cassia, a contesté cette décision devant le Conseil d’État le 13 juillet. Il demande l’annulation de l’arrêté ministériel qui fixe le taux des livrets d’épargne pour 18 mois au lieu de 6.
Le professeur souligne que cela a été fait sans respecter la formule de calcul ni consulter le gouverneur de la Banque de France. Il remet en cause la notion de « circonstances exceptionnelles » utilisée par la Banque de France pour justifier les dérogations à la formule, qui se sont multipliées.
« La notion de circonstance exceptionnelle devient en quelque sorte pérenne », dénonce Paul Cassia auprès de l’AFP.
La Banque de France aurait aussi pu actualiser le taux des livrets d’épargne tous les trimestres si elle l’estimait nécessaire. Chose qu’elle n’a pourtant pas faite, que ce soit au 1er novembre ou au 1er mai dernier. Selon Paul Cassia, les textes autorisent à la banque de France de le faire si elle :
« Estime que la variation de l’inflation ou des marchés monétaires le justifie. »
Ainsi, le ministère de l’Économie aurait deux mois pour répondre à ce recours, selon une porte-parole du ministère citée par l’AFP.