Paiement en plusieurs fois : un avantage, mais gare aux pièges

Pour financer des achats, dans un contexte de hausses des prix, certains magasins proposent le paiement en plusieurs fois.

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En théorie, cette pratique profite à tout le monde. En effet, certains achats, très utiles, peuvent coûter cher. Et, pour les consommateurs, payer plusieurs centaines d’euros en une fois peut s’avérer inenvisageable. Aussi, le paiement en plusieurs fois permet d’étaler le financement dans la durée, et de ménager ses finances. Mais, pour en profiter au moins, il faut savoir démêler le vrai du faux. Car si cette solution peut s’avérer pratique dans certains cas, elle peut aussi conduire à des abus. On fait le point tout de suite pour vous aider à y voir plus clair.

Paiement en plusieurs : de quoi parle-t-on ?

En anglais, on dit « Buy now. Pay Later », mais en français, on appelle aussi ce système le paiement fractionné. Concrètement, il s’agit d’acheter un bien ou d’avoir recours à un service, en le réglant après, à travers plusieurs échéances. Néanmoins, le paiement en plusieurs fois ne dépasse pas 3 ou 4 mensualités. Il se distingue donc du crédit. Généralement, cette pratique permet aussi d’éviter de payer trop de frais ou d’intérêt.

Depuis le début de l’année 2022, les ménages doivent apprendre à composer avec une inflation redoutable, qui pénalise leur pouvoir d’achat. Dans ce contexte, certains consommateurs se montrent plus prudents dans leurs achats. Aussi, le paiement en plusieurs fois reste une modalité utile, qui peut les aider à s’équiper. En effet, en cas de panne d’un appareil électroménager, différer la dépense n’est pas forcément possible. De nos jours, même les boutiques en ligne comme Amazon ou encore Cdiscount permettent de régler en plusieurs fois.

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Aussi, les consommateurs ont pris le pli et ont facilement recours au paiement en plusieurs fois. En novembre 2021, une enquête menée par Cofidis et OpinionWay a montré que 32 % des Français l’avaient déjà utilisé dans les 12 derniers mois. Et, vu les hausses des prix constatées en 2022 et 2023, on peut imaginer que ce chiffre n’a cessé de grimpé. D’autant que ce sondage paru il y a deux ans indique aussi que 90 % des clients demeurent très satisfaits de ces modalités de paiement. Arnaud le Gall, actuellement en poste chez Cofidis France, en tant que directeur des partenariats, confirme cette tendance.

 » Il y a beaucoup d’avantages. Le paiement fractionné permet de se faire plaisir, de saisir une bonne affaire mais aussi de répondre à l’urgence en remplaçant la machine à laver qui vient de tomber en panne, en gérant au plus juste son budget. », commente Arnaud le Gall.

Paiement en plusieurs fois
Le paiement en plusieurs fois peut avoir certains inconvénients — Crédits Photos : Getty images

Une pratique plutôt bonne pour le commerce

De nos jours, le paiement en plusieurs fois représente environ 20 % (en moyenne) du chiffre d’affaires des commerçants. Ce qui explique pourquoi de plus en plus de magasins et sites e-commerce proposent  cette solution.

« C’est un service désormais attendu par le consommateur. Et s’il ne peut bénéficier de cette facilité de paiement, ce dernier n’hésitera pas à reporter, à annuler voire à aller à la concurrence pour en profiter. », explique Arnaud le Gall.

Toutefois, sur ce point, les grandes enseignes comme Leclerc ou Intermarché n’ont pas souhaité faire de commentaires. Pour ce responsable de chez Cofidis France, le paiement en plusieurs fois fait partie intégrante de l’expérience client et de son parcours d’achat.

« L’idée, c’est de simplifier au maximum la vie du client. Le plus souvent, il n’a besoin que d’une carte d’identité et d’une carte bancaire pour pouvoir en bénéficier. »

On pourrait donc croire que le paiement fractionné n’a pas que des avantages. Malheureusement, dans bien des cas, il conduit aussi les ménages à faire des achats qui dépassent le budget qu’ils avaient initialement fixé.

« On estime que le panier moyen pour un paiement en 3 ou 4 fois sans frais est de 250 € et ils sont plutôt réservés pour l’électroménager, les produits high-tech ou l’ameublement. »

Le paiement en plusieurs fois : les risques…

Si certains consommateurs ont recours à cette solution pour faire des achats essentiels sans tarder, d’autres l’utilisent pour des sessions shopping un peu plus superflues.

« Mais il y a aussi des vêtements, des baskets et des produits du quotidien. Notamment chez les jeunes. », révèle Olivier Gayraud, juriste au sein l’association Consommation Logement Cadre de vie.

Pour cet expert, le paiement en plusieurs fois reste similaire à un crédit classique. Et, il peut faire plonger les ménages en cas d’endettement

« Un crédit restera toujours un crédit même s’il ne dit pas son nom. Quand on fait du commerce, on ne fait pas dans la philanthropie. Le problème, c’est quand il y a l’incident de paiement. La relation se tend. Le consommateur doit alors s’acquitter des frais de relance et de recouvrement. Et, s’il a plusieurs crédits à la consommation en cours, les choses peuvent rapidement se compliquer. », s’alarme le juriste de l’association CLCV.

En clair, le paiement fractionné aide les consommateurs à acheter, en réfléchissant moins. Mais, chez Cofidis, on rappelle que les sociétés de crédits appliquent des normes strictes pour éviter le surendettement.

« Il y a des règles. Nous n’acceptons pas tous les dossiers. Nous consultons le fichier de la banque de France, nous analysons des données, faisons des recoupements… pour éviter les situations difficiles et notamment l’empilement. »

Mais, Olivier Gayraud déplore une communication floue de la part de certaines enseignes.

« Le danger c’est quand la carte de fidélité se transforme en outil de paiement. Il faut clarifier les choses pour le consommateur. Même chose avec la location longue durée. Il faut bien tout additionner pour évaluer le prix réel. », indique le juriste.

D’ailleurs, la commission européenne a commencé à se pencher sur le statut du paiement en plusieurs fois. Dès la rentrée, une nouvelle directive viendra mettre un peu d’ordre dans le secteur. L’objectif ? Appliquer les mêmes règles que pour le crédit à la consommation. Ce qui pourrait inclure :

  • L’obligation de transmettre un échéancier détaillé au consommateur en amont.
  • Vérifier la solvabilité du client en analysant ses relevés de comptes.
  • Réduire le taux d’intérêt applicable sur un paiement en plusieurs fois.

Sources : ouest-france.fr

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