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Un salarié d’Auchan à Louvroil, dans le Nord, s’est fait rappeler à l’ordre avant de se faire sanctionner par la direction du magasin. Pourquoi ? Il aurait chanté trop fort, au point d’agacer ses collègues qui se sont plaints. La CFDT et la CGT considèrent que la sanction est disproportionnée.
Auchan : Une sanction disproportionnée
Depuis 20 ans, tous les matins à 5 heures, cet employé d’Auchan à Louvroil, dans le Nord, prenait son poste. Ce salarié avait l’habitude de chanter tous les titres diffusés dans les rayons. Cependant, le chanteur en herbe faisait trop de bruit et cela dérangeait certains de ses collègues.
Au point que ces derniers s’en sont plaints à la direction. Cette dernière l’a donc rappelé à l’ordre et le vendeur a écopé d’une journée de mise à pied. Le délégué CFDT du magasin, Éric Dronsart, a qualifié cette sanction de hors norme.
« La grande distribution, ce n’est pas toujours un métier facile. Donc le matin, on essaye un petit peu d’extérioriser notre stress, en s’amusant, en chantant, en rigolant un peu, tout en exécutant notre travail. C’est vrai qu’on lui avait déjà fait la remarque, qu’il lui chantait trop fort, qu’il crie un peu », révèle Éric Dronsart.
Le délégué syndical souligne que des salariés ont dû mettre des « boules Quiès » et donc s’en sont plaints. Son collègue chanteur a donc eu un entretien avec la direction de l’enseigne et s’est fait mettre à pied.
« La sanction a est disproportionnée par rapport au fait. Bientôt, on ne pourra plus parler, on ne pourra plus respirer », souligne le délégué.
À en croire la direction d’Auchan, elle a déjà averti le salarié à plusieurs reprises depuis deux ans. La CFDT CGT s’est manifestée en chanson devant la direction du magasin à dix heures ce mardi 6 juin.
Trop affecté, le salarié est en arrêt maladie
En effet, plusieurs dizaines de salariés se sont ainsi rassemblés dans l’entrée de l’hypermarché Auchan de Louvroil pour soutenir Thomas. Nom du salarié mis à pied. Avec quelques clients à leur côté, ils ont entonné joyeusement « En chantant » de Michel Sardou.
« Je travaille dans les rayons avec Thomas, c’est vrai qu’il chante, c’est son tempérament. À 5 heures du matin, avant l’ouverture du magasin, ça nous stimule dans notre travail. On est nombreux à reprendre les chansons qui passent à la radio. On les parodie, ça met de l’ambiance joyeuse », a déclaré Éric Dronsart.
Les collègues de Thomas disent qu’actuellement, il est en arrêt maladie, car la sanction l’a beaucoup affectée. Le délégué syndical trouve « inadmissible » le fait de l’avoir sanctionné.
« En plus, je peux vous dire que depuis son départ il y a quelques jours, on s’emmerde », conclut-il.
Une réunion devait se tenir entre la direction et les syndicats qui souhaitent la levée de la sanction. Certains se disent même prêts à aller défendre la cause de leur collègue devant le conseil de prud’hommes.
Un dossier sans élément factuel
Après des années comme conseiller prud’homal, Éric Dronsart dit n’avoir jamais vu un cas pareil. Les délégués syndicaux ne saisissent pas non plus la nature de la sanction.
« On est dans le ridicule, ce dossier est complètement vide, il n’y a aucun élément factuel. Surtout, la sanction n’a pas été graduée. On aurait pû imaginer une première convocation, puis un avertissement s’il avait récidivé », explique Ali Boukhari, également élu CFDT.
Le salarié a reçu un courrier de sa hiérarchie le 22 mai dans lequel cette dernière lui a fait part de sa décision.
« Nous ne vous empêchons nullement d’extérioriser votre joie ou votre bonne humeur en chantant, mais vous devez comprendre que le volume sonore de cette extériorisation est à minimiser », écrit la directrice.
Ali Boukhari s’offusque de voir son collègue sanctionné sans ménagement. Selon lui, ils n’ont pas discuté de ce sujet en CSE.
Un magasin qui manque de bonne humeur
Lors de la manifestation du mardi matin, un représentant CGT a défini cette sanction comme :
« une véritable injustice sociale ».
« Chanter fédère, chanter unit et casse la monotonie. Peut-être que ça ne plaît pas à tout le monde, mais sanctionner cet acte relève de la folie », déclare Gérald Villeroy.
Ce dernier a par ailleurs dénoncé les conditions de travail dans un magasin qui, selon lui, manque « cruellement de bonne humeur ».
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Sous l’œil des managers de l’enseigne, une centaine de personnes se sont mises à chanter au rayon des boissons. C’est dans ce rayon que le salarié sanctionné travaillait. Son épouse qui était présente était en larmes devant cette démonstration de soutien.
