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Le gouvernement lance une concertation jusqu’au 28 juillet sur l’interdiction des chaudières à gaz. Interdiction qui pourrait pénaliser 40 % des ménages selon l’UFC-Que Choisir. En effet, cela serait une catastrophe pour le pouvoir d’achat de plusieurs millions de Français.
Une interdiction progressive des chaudières à gaz
Le soir du lundi 5 juin, le ministère de la Transition énergétique a indiqué que le gouvernement lance une concertation sur les chaudières à gaz. Une concertation durant laquelle, élus et professionnels discuteront de son interdiction progressive dans le cadre de la planification écologique lancée par Élisabeth Borne.
Cette concertation, qui durera jusqu’au 28 juillet 2023, doit permettre d’atteindre les engagements climatiques de la France d’ici 2030. Donc, le gouvernement veut accélérer la dynamique de dépose des chaudières fossiles pour les remplacer par des pompes à chaleur.
Le but est d’atteindre 30 millions de tonnes d’émissions de CO2 en 2030 dans le secteur du bâtiment. En 2021, elles étaient à 75 millions de tonnes.
« Ceci implique de réduire drastiquement les émissions liées au fioul et au gaz en accélérant le remplacement des chaudières gaz comme fioul et l’isolation des logements », selon l’Élysée.
Une catastrophe pour 40 % des ménages
L’UFC-Que Choisir pense que cette interdiction des chaudières à gaz sera catastrophique pour le pouvoir d’achat de 40 % des ménages. Soit les 12 millions de foyers qui se chauffant au gaz. Cela pourrait leur coûter une fortune et les contraindre à changer de matériel plus souvent.
En effet, les pompes à chaleur sont moins endurantes. En outre, cela pourrait aussi provoquer une déferlante de démarchages agressifs et d’arnaque à grande échelle. Le gouvernement juge nécessaire de sortir des énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
« Sauf que remplacer ces 12 millions de chaudières à gaz par des pompes à chaleur ne va faire qu’augmenter nos émissions de gaz à effet de serre pendant des années », dit l’association de consommateurs.
Cela va également augmenter les importations d’électricité en hiver. L’Allemagne pourrait nous aider avec ses centrales au charbon et ses centrales thermiques au gaz. Cependant, cela augmentera encore plus les émissions de gaz à effet de serre.
L’UFC-Que Choisir note par ailleurs que remplacer les chaudières à gaz vieillissantes par des modèles à très haute performance énergétique réduira de 30 % leur émission.
Une solution inadaptée à la réalité
L’UFC-Que choisir souligne un autre problème en matière de neutralité carbone. Il s’agit du fait que les composants des pompes à chaleur proviennent d’Asie. Comparé à celui des chaudières à gaz françaises ou allemandes, leur bilan carbone est encore plus lourd.
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En outre, il y a aussi la compatibilité des chaudières avec le gaz renouvelable, dont la production augmente sur le territoire. Contrairement aux pompes à chaleur, elles n’entraînent pas de conflits de voisinage. L’association négaWatt s’oppose, elle aussi, à l’interdiction des chaudières à gaz que le gouvernement tente d’imposer.
Pourtant, cette association est en faveur de la décarbonisation du secteur du bâtiment. Son directeur, Stéphane Chatelin, place avant toute chose la rénovation performante du parc bâti. Ce qui baisserait les consommations de chauffage.
« Sans rénovation massive des logements, la généralisation des pompes à chaleur aura des effets délétères. Tout électrifier est une approche séduisante sur le papier, mais inadaptée à la réalité », ajoute-t-il.
Une concertation pour nourrir les textes de loi
Reste donc à voir si la concertation que le gouvernement vient d’ouvrir permettra de trouver des solutions. À rappeler que l’interdiction d’installer de nouvelles chaudières au fioul est déjà en vigueur depuis juillet 2022.
D’après le ministère de la Transition écologique, les résultats de cette concertation serviront à « nourrir les textes de loi » à venir. Notamment, le projet de loi de finances voté à l’automne pour 2024. Cette concertation devra aider à déterminer la manière de développer l’offre de systèmes de chauffage alternatifs par type de bâtiment.
Aussi, elle devra permettre de trouver des solutions au cas où peu ou pas d’alternatives se présentent. Le gouvernement espère également des solutions pour accompagner la transformation des filières économiques. Lui qui souhaite aussi accélérer la structuration d’une filière européenne et française de production de pompe à chaleur.
Cela étant, la semaine prochaine aura lieu une rencontre entre ministres, responsables des filières, industriels, fabricants, professionnels du bâtiment et de la maintenance. Des associations de consommateurs seront par ailleurs de la partie ainsi que des propriétaires, des locataires, des collectivités et des associations de défense de l’environnement.