Arrêts maladie et abus : comment le gouvernement veut mettre un stop à cette tendance ?

En dix ans, les arrêts maladie ont atteint un nombre conséquent. Le gouvernement se prépare à prendre des mesures pour enrayer ce phénomène.

© Crédits photos : IStock

Montrer le sommaire Cacher le sommaire

Ces dernières années, le nombre d’arrêts maladie a explosé et selon certains, c’est chez les jeunes salariés que c’est le plus fréquent. Le gouvernement souhaite enrayer cette tendance qui coûte énormément aux finances publiques.

Une hausse de plus de 30 %

En dix ans, le nombre d’arrêts maladie a augmenté de plus de 30 %. Face à ce constat, le gouvernement s’est résolu à traiter le problème le plus vite possible. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a fait savoir au Figaro que cela représentait, en tout, une dépense de 16 millions par an.

Il semblerait que cette situation soit en raison de facteurs conjoncturels (Covid-19, inflation) et structurels. Ce que la directrice d’un magasin Intermarché dans le Maine-et-Loire, Aurore Cribier, réfute.

« C’est devenu une mode, surtout chez les jeunes. Ils prennent un arrêt maladie pour un rien, un rhume, une grosse fatigue, parce qu’ils n’ont pas eu assez de vacances… », déplore cette directrice au Figaro.

Des arrêts maladie non justifiés

Toujours selon la directrice, 70 % des cas d’arrêts maladie ne sont pas justifiés.

« La semaine dernière encore, j’en ai un qui s’est arrêté parce qu’il avait trop de tension. Franchement, dans 70 % des cas, cela ne paraît pas justifié », continue Aurore Cribier.

Arrêts maladie
Photo d’une jeune femme pensive se remettant d’une maladie dans son lit à la maison – Crédits photos : iStock

Ces arrêts intempestifs ont, en effet, des répercussions pour les entreprises qui doivent poursuivre leurs activités. Pire, ce phénomène peut même affecter l’ambiance et l’état d’esprit des équipes.

« Cela crée une grosse tension dans les équipes, car c’est toujours les mêmes qui sont absents et leur travail retombe sur les autres », ajoute la dirigeante lors de son entretien avec Le Figaro.

Cette dernière laisse, par ailleurs entendre, qu’aujourd’hui, c’est le bien-être au travail que les jeunes travailleurs cherchent le plus. Sans quoi, il pourrait y avoir des dérives. La stabilité financière vient ensuite.

« Ils profitent du système », souligne-t-elle.

Arrêts maladie : sanctionner les abus

Ce changement de mentalité s’est accru à cause de la pandémie de Covid-19.

« Les dépenses d’indemnités journalières (IJ) hors Covid ont augmenté de 7,4 % entre 2021 et 2022, soit 6,6 % par an entre 2015 et 2019 », explique la Sécurité sociale.

Ce qui représente un coût de 15,7 milliards d’euros en 2022. Soit une augmentation de 13 % en un an et de 10,7 % en moyenne par an entre 2019 et 2022. En ce moment, l’urgence est de remettre en état les comptes de l’État.

À lire Claudio Capéo se livre sur les difficultés qu’il a rencontrées au début de son succès

Raison pour laquelle, Bercy entend prendre en main ce problème et ainsi réaliser 10 milliards d’euros d’économie. Ce qui permettrait de réduire l’endettement et le déficit publics de la France d’ici à 2027.

Pour se faire, le gouvernement pense à tailler dans les dépenses de santé. Il veut en particulier s’attaquer aux indemnités journalières. Il prévoit donc d’augmenter le délai de carence à sept jours ou bien de responsabiliser les professionnels de santé.

« Il y a des arrêts maladie qui sont justifiés : ça c’est normal, il faut les indemniser. Puis il y a des abus. Et les abus, il faut les contrôler, et il faut les sanctionner », a déclaré le ministre de l’Économie.

Le ministre des Comptes publics s’est récemment prononcé devant le Sénat sur le montant des indemnités journalières.

« Le montant annuel des indemnités journalières pourrait atteindre 23 milliards d’euros d’ici à 2027, contre 14 milliards aujourd’hui, si le phénomène n’est pas réfréné… », avait prévenu Gabriel Attal.

Arrêts maladie
Gros plan d’un médecin méconnaissable donnant des documents à une patiente lors d’une consultation – Crédits photos : iStock

Les réactions des médecins

Lundi 19 juin, la présidente du syndicat de médecins MG France a répondu aux propos de Bruno Le Maire.

« On a une véritable campagne d’intimidation pour qu’on n’arrête plus les gens qui ont besoin d’être arrêtés », a déclaré Agnès Giannotti sur Franceinfo.

Pour rappel, l’Assurance maladie a lancé une campagne de redressement contre les médecins. Ce dernier avait soupçonné une « complaisance » chez certains professionnels, mettant en cause les médecins généralistes. Le 15 juin dernier, le syndicat MG France fustigeait une campagne « brutal ».

Ce syndicat a en effet très mal pris cette mise en cause, le considérant comme un « management toxique » contre les médecins généralistes. Ceux-ci subissant déjà des contraintes. Et cela peut affecter le nombre de leurs effectifs qui est déjà en baisse.

« Pointer les médecins généralistes c’est vraiment scandaleux. Les besoins de soins augmentent, la population vieillit, l’âge de la retraite est repoussé, donc un politique responsable anticipe ces dépenses qui augmentent », rétorque sur Franceinfo Agnès Giannotti.

Pour Luc Duquesnel, il s’agit d’une maltraitance contre les médecins de famille. Ce dernier est le président de la branche « généraliste » de la Confédération des syndicats médicaux français.

Voyager Loin est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :