Sécheresse : l’UFC-Que Choisir alerte sur le gaspillage d’eau et se mobilise

Après un déficit de pluie en hiver et au printemps dernier, les Français doivent s'attendre à vivre une grave sécheresse cet été.

© Crédits photos : IStock

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Depuis quelques semaines, le Ministère de la Transition écologique l’assume : la sécheresse risque de toucher plus de la moitié du territoire national. Aussi, dans le même temps, l’UFC-Que Choisir a mené une étude dans toute la France. L’objectif ? Certainement comment nous perdons de l’eau potable. Il peut s’agir de fuites dans les tuyaux ou d’installations défaillantes. En tout cas, l’association, qui existe à l’échelle locale et nationale, semble bien déterminée à faire la chasse au gaspillage. En effet, si l’eau vient à manquer dans les prochaines semaines, il faut absolument l’utiliser de façon optimale. Et, ce, afin de pouvoir compter sur des réserves en cas de besoins. Dans ce contexte, l’UFC-Que Choisir compte aussi alerter les autorités… On fait le point !

La sécheresse avait déjà frappé la France l’été dernier

Cet épisode climatique n’a rien d’impossible. Le passé nous a déjà confronté au manque d’eau, dans des ères urbaines comme Besançon, Chambéry, Gérardmer, Chartres ou encore Nantes. Mais, les difficultés d’approvisionnement en eau ont aussi eu lieu dans environ 1000 communes. Un constat critique ! Cela dit, la sécheresse devrait faire son grand retour lors de l’été 2023. Selon les experts sollicités sur le sujet, le risque de sécheresse s’estime à fort, voire très fort pour la plupart des nappes phréatiques. D’ailleurs, ces plans d’eau, situés dans le sol, ont de plus en plus de mal à se recharger en hiver et au printemps.

Aussi, pour cet été, nous ne pouvons pas compte sur d’importantes réserves d’eau potable. Il faut également s’attendre à voir le niveau des fleuves baisser, à hauteur de 30 voire 60 % selon les régions. Or, d’après l’UFC-Que Choisir, les pouvoirs publics ne prennent pas de mesures suffisamment.

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Le volume d’eau perdu, estimé à environ 33 %

Les objectifs fixés en 2012 lors du Grenelle de l’environnement ont porté le maximum de fuites autorisées à 15 %. Aussi, beaucoup de villes parviennent à s’y conformer, et même à obtenir de très beaux résultats. À Cholet par exemple, la municipalité peut se vanter d’avoir atteint les 0 % de perte d’eau. À Saint-Malo, la commune n’enregistre que 0,9 % de perte en eau. Des performances, comme celles de Saint-Brieuc (1,3%) ou Fréjus (2,1%) ont de quoi réjouit les Français, face à la sécheresse qui s’annonce. Cela dit, tout le reste du pays ne semble pas aussi exemplaire. Et, les plus grandes métropoles, comme Paris, Lille, Lyon ou Marseille représentent des millions de litres consommés, et aussi beaucoup d’eau perdue.

Ainsi, l’UFC-Que choisir pointe du doigt dix villes dans lesquelles le taux de perte demeure bien au-dessus des limites définies en 2012 :

  • Amiens perd 30,3 % de son eau potable
  • Cavaillon affiche une perte moyenne de 30,3% aussi.
  • À Sens, la ville perd 30 % de son eau.
  • À Aix-les-Bains, ce chiffre grimpe à 30,5 %
  • Enfin à Évreux, on estime une perte de 35,5 % !

Sachant que concernant les communes rurales, les objectifs autorisés un taux de perte allant jusqu’à 35 %. Et, ce, en raison des réseaux d’approvisionnement en eau étendus ou encore de leurs budgets limités. Cependant, avec la sécheresse qui arrive, près de 25 % des communes ayant 1000 habitants ou moins dépasse déjà cette limite. Certaines perdent même 50 % de leur eau potable…..

Sécheresse
L’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics d’agir face au risque de sécheresse — Crédits Photos : iStock

L’infrastructure joue un rôle clé

Les collectivités ne gaspillent pas l’eau par plaisir. En réalité, il s’agit plutôt de la fragilité des canalisations. Qu’elles soient faites de PVC collé, de fonte grise ou encore d’amiante ciment, ces installations dépassées représentent plus de moitié du réseau en France. Certaines auraient déjà dû faire l’objet d’un remplacement ou d’une remise aux normes il y a des années. En 2019, lors des Assises de l’Eau, l’objectif fixé imposait de renouveler au moins 1 % du réseau français chaque année. Or, alors que la sécheresse menace le pays, seul 0,67 % du réseau a fait l’objet de rénovation ces dernières années. Or plus on repousse ces travaux, plus ils deviennent ambitieux. Certains experts estiment qu’il faudra près de 150 ans pour venir à bout de ce chantier. Cela dit, une canalisation ne peut avoir qu’une durée de vie allant de 50 à 80 ans…

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Pourtant, certaines municipalités essaient de faire des efforts. À l’image de Carpentras : la ville affiche déjà plus de 25 % de fuites. Aussi, elle a déjà renouvelé 1,34 % de son réseau de canalisations chaque année. Mais bien d’autres communes ont du mal à tenir les objectifs fixés lors des Assises de l’eau. Comme Nîmes, Amiens, Sens, Arles ou encore Aix-les-Bains. Évreux, là encore, fait figure de mauvais élève avec un renouvellement de seulement 0,2 %.

Le manque de moyen des communes face à la sécheresse

En 2016, les services de l’État ont arrêté d’apporter leur aide aux communes sur l’ingénierie. Cela concerne autant le suivi que la gestion des réseaux de canalisations. Mais, aussi, la programmation de travaux éventuels. À présent, les collectivités doivent prendre en charge cette politique seules. Aussi, les plus grandes villes peuvent y parvenir car elles ont davantage de main d’œuvre et de matériel. Or, pour les petites communes, ces chantiers relèvent du parcours du combattant. Faute de moyen, beaucoup n’ont pas pu anticiper les rénovations, avant la sécheresse.

Reste à chercher du côté des coups de pouce accordés via les agences de l’eau. Mais, ces aides restent très limitées, car elles dépendent directement des contributions versées par les acteurs locaux. Le financement doit normalement se répercuter sur les usagers. Néanmoins, la redevance payée par l’agriculture intensive demeure comprise entre 2 et 15 % maximum. Et, ce, alors que la consommation d’eau de ce secteur représente environ 48 % de l’eau circulant sur le réseau. D’après l’UFC-Que Choisir, cette pratique entraîne un déficit supérieur à 1,6 milliard d’euros par an pour les agences de l’eau.

Gérer les fuites d’eau en cas par cas

Pour anticiper la sécheresse, l’UFC-Que choisir a activé ses relais à l’échelle locale, pour mobiliser l’opinion mais aussi les élus des villes des départements. Elle a également sollicité les représentants des agences de l’eau, pour initier plusieurs changements. L’association qui défend les consommateurs et les usagers, a même lancé un mouvement, intitulé « #La fuite en avant ».

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Pour mener cette campagne à bien, elle s’appuie sur 70 associations implantées localement en France. Afin de sensibiliser le public, les bénévoles ont supprimé toutes les sonorités « o, au, eau » dans les noms des villes. Reprenant ainsi le procédé littéraire utilisé par Georges Perec dans son livre La Disparition. L’objectif ? Alerter tout ce petit monde pour conduire des rénovations, et mieux faire à la sècheresse à l’avenir !

Voici quelques unes des revendications de l’UFC-Que choisir auprès des autorités et des élus :

  • Renforcer les aides accordées par les agences de l’eau pour les communes les plus exposées à la sécheresse, en raison de fuites ou de raréfaction de l’eau dans les sols.
  • Rehausser le budget des agences de l’eau en exigeant une redevance plus élevées pour les professionnels (entreprises, grandes exploitations agricoles…)
  • Mettre en place un réseau d’appui technique des départements auprès des petites communes.
  • Adopter des objectifs plus exigeants concernant les pertes d’eau autorisées, mais aussi améliorer la connaissance de l’état du réseau de canalisation par les communes.

Sources : quechoisir.org

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