Montrer le sommaire Cacher le sommaire
Depuis 2015, les ménages français délaissent peu à peu le compteur d’électricité traditionnel. L’objectif pour Enedis ? Équiper tous les abonnés avec des boîtiers intelligents Linky. Présenté comme un outil innovant, permettant de gérer sa consommation d’énergie, il rencontre toutefois des résistances. Par crainte concernant l’usage de leurs données personnelles ou au sujet d’effets secondaires. Mais, dernièrement, la justice a fini par donner raison au gestionnaire du réseau électrique. Aussi, ceux qui refusent l’installation s’exposent à des surcouts, voire à de vrais problèmes au quotidien. Philippe, un professeur à la retraite, en a fait les frais…
La vie de ce senior tourne au cauchemar
Depuis 8 ans, certains citoyens ne cessent de monter au créneau. En effet, le lancement du boîtier Linky a suscité beaucoup de réactions. Plus ou moins imposés par Enedis, ce nouveau compteur d’électricité, communicant et moderne, ne rassure pas forcément tout le monde. D’ailleurs, les consommateurs et les associations ont tenté diverses actions en justice pour y échapper. Certains estimaient que cet outil, accessible à distance, pouvait compromettre leur vie privée. D’autres, s’interrogeaient sur les dangers des ondes qui en émanent. Mais, depuis, l’ANFR et l’ANSES ont rendu leurs conclusions, et estiment que l’appareil ne représente aucune nuisance sérieuse pour la santé humaine.
Si la majorité des foyers ont finalement accepté d’adopter le boîtier Linky, une minorité d’abonnés refuse encore et toujours de renoncer aux anciens compteurs d’électricité. À l’image de Philippe, un retraité domicilié en Saône-et-Loire. Malgré son désaccord, Enedis a tout de même tenté de venir changer son installation électrique. À la suite d’une panne, il souhaite changer de compteur, sans adopter le fameux petit boîtier vert anis. Cependant, il a eu une bien mauvaise surprise en voyant arriver l’agent, envoyé par la gestionnaire du réseau.
« Il est revenu avec un compteur Linky. J’ai dit que je ne voulais pas, mais apparemment il n’était pas au courant. Après ça, j’’ai envoyé des courriers pour qu’on me change mon compteur et ça a duré des mois. »
D’après Philippe, les interlocuteurs avec qui il a échangé du côté d’Enedis lui ont clairement indiqué qu’il n’aurait plus d’électricité, s’il n’acceptait pas le compteur Linky.
« Si vous ne voulez pas le Linky, vous aurez une coupure de courant. »
Une sanction infernale, pour ce retraité, qui ne peut plus vivre décemment chez lui, ni traiter correctement ses problèmes de santé…
À lire Michel Sardou : sa drôle d’anecdote concernant ses impôts lorsqu’il était jeune
Son domicile est privé d’électricité
Depuis mai 2023, Enedis a mis cette menace à exécution. Une mesure qui a bouleversé la vie quotidienne de Philippe. Sans électricité, chaque tâche banale devient un parcours du combattant. Cela dit, il ne se résigne pas, et recherche de l’aide pour continuer à vivre chez lui, malgré l’absence de courant.
« Je vis sans électricité, je me promène avec une frontale la nuit ou dans les pièces sombres. Cette nuit, je suis tombé parce que je ne voyais rien dans les escaliers. Je mange froid, je vais chez des amis pour recharger mon portable et mes batteries pour ma lampe frontale. Tous mes aliments froids sont chez mes amis. »
Il faut dire que l’homme a aussi des problèmes de santé, qui nécessitent l’utilisation d’un respirateur artificiel. Un dispositif médical prescrit par les spécialistes qui le suivent.
« Mon médecin et mon pneumologue m’ont prescrit une affection de longue durée, une phase grave de ma maladie. J’ai des difficultés respiratoires sévères, et ça depuis le 14 avril 2004. »
Aussi, avec l’absence d’électricité, ce professeur d’arts plastiques et d’histoire de l’art à la retraite, a vu son état empirer.
« Je suis à bout. J’ai perdu 6 kilos en 15 jours, je ne dors plus. Je suis en difficulté respiratoire constante. »
L’affaire dans les mains des autorités et du juge
Bien décidé à faire valoir ses droits, Philippe a décidé de se rapprocher des gendarmes. L’objectif ? Déposer une plainte. Dans le cadre de l’enquête, les services EDF disent ne pas avoir connaissance de la situation de cet abonné.
« J’ai téléphoné à la gendarmerie pour porter plainte. Ils ont vérifié et téléphoné à EDF. Un gendarme a contacté une conseillère EDF qui lui a dit : ‘On n’est pas au courant qu’on lui a coupé l’électricité’. »
Les journalistes de L’Indépendant, qui ont documenté toute cette affaire, ont aussi fait quelques vérifications de leur côté. D’après les informations recueillies auprès d’Enedis, il y a bien un dysfonctionnement sur l’ancien compteur de Philippe. Cela dit, le gestionnaire du réseau électrique évoque aussi sur une décision de justice, rendue le 8 juin dernier, au tribunal judiciaire de Mâcon. Les conclusions du juge indiqueraient que l’entreprise publique a tout à fait le droit d’imposer un boîtier Linky, en remplacement d’un compteur d’électricité défectueux. Et ce, en raison des dispositions contractuelles qui lient le retraité à Enedis.
